Six mois : c¹est la durée pendant laquelle Gabriel Dumoulin a fréquenté un site de rencontre sur internet et c¹est ce semestre pas comme les autres qu¹il raconte dans Six mois d¹abonnement. C¹est avec un regard distancié et le recul nécessaire qu¹il livre cette expérience, et ce qui aurait pu dès lors se transformer en un galimatias egocentré et voyeuriste forme à l¹arrivée un portrait cinglant de ce que peut être une relation amoureuse à l¹heure du consommable et du tout-jetable. Les rencontres se suivent, plus ou moins fortes, plus ou moins intéressantes, plongeant parfois dans l¹intime ou restant plus distantes, le livre décryptant alors par petites touches les motivations comme les limites de ces relations. Mais ce qui rend "Six mois d¹abonnement" absolument formidable et procure une lecture si enthousiasmante, c¹est le ton avec lequel tout ça nous est raconté, car derrière ce qui ressemble à une retranscription brute et frontale de la réalité, se cache un art consommé de la mise en scène, permettant à l¹ouvrage d¹adopter un ton proche de la comédie et comme dans toutes les bonnes comédies, la critique n¹est pas loin, qu¹elle soit autocritique (et là l¹auteur n¹est pas toujours tendre avec lui-même), ou qu¹elle adopte un versant quasi sociologique, quand elle décrit les mécanismes de ces rencontres «virtuelles». De l¹autobiographie, Gabriel Dumoulin ne fait pas une mission ou un objet d¹étude en soi, mais s¹en sert pour raconter son époque, certes par le petit bout de la lorgnette, mais avec un regard acéré et une lucidité qui font mouche.